En juillet, on se demande comment se différencier, on regarde des vaches et on dessine des roses.
Un magnifique cocktail pour entrer dans l'été ! 😎
Bienvenue dans ma newsletter, pour ce deuxième numéro. Un grand merci pour votre accueil chaleureux du mois dernier ! Ce mois-ci, on entre dans l’été avec un cocktail estival :
Côté client : comment se différencier tout en restant dans la tendance ? (ah oui, quand on y réfléchit c’est un peu contradictoire 🤔)
Côté inspiration : l’animation du studio The Line pour Chobani (on va s’en mettre plein les yeux 🤩)(et puis il y a des vaches 🐄)
Côté atelier : des roses et des livres… 🌹📚
Si on ne se connaît pas déjà, je me présente : je suis Myriam Gabrielle, illustratrice et motion designer freelance à Rennes.
Mon but en général, c’est d’aider les marques durables à sortir du lot sur les réseaux grâce à mes créations. Dans cette lettre en particulier, je m’adresse aussi bien aux marques qu’aux prestataires dans la création d’images, comme moi. Je partage des réflexions, de l’inspiration et des coulisses de mes actus.
Côté client : comment se différencier tout en restant dans la tendance ?
Les conseils business : “ce qui est important pour une marque, c’est de développer un ADN très fort, une vraie différenciation, une personnalité unique, intemporelle.”
moi : “ok.”
aussi les conseils business : “il faut être tendance, surfer sur les modes, ne pas se laisser dépasser.”
moi : “euuuuuuh…”
Alors, qu’est-ce qu’on choisit, être à la mode ou se différencier ?
Ce n’est pas obligatoirement toujours en contradiction, mais un peu quand même parfois. Y compris pour les images que nous créons pour les marques. Car oui, il y a des modes dans les images ! Quelques exemples pour vous faire sourire :
la personne qui parle de sa start-up en marchant tout le temps avec la caméra en traveling arrière
la vidéo UGC (User Generated Content) avec le cadrage du visage au plus près, comme si on faisait une visio avec une amie
la vidéo d’influence où la personne tient son micro-cravate dans la main ou au bout de n’importe quel ustensile
la story avec la personne qui fait un bond dans une tenue et atterrit sur le sol avec une autre tenue (ou qui jette un vêtement sur elle-même et est instantanément habillée)
le style d’illustration Corporate Memphis. Tapez cela dans un moteur de recherche... C’est une mode visuelle tellement suivie qu’elle est devenue une norme. Pour aller plus loin, cet article en anglais du magazine Wired vous propose de vous poser des questions sur cette esthétique.
Ce sont des modes qui marchent, parfois le fruit d’un A/B testing rigoureux.
Alors, est-ce qu’on est obligé de choisir entre différenciation et tendance ?
J’ai l’impression que dans beaucoup de projets de création visuelle, il y a un moment où on est amené à se poser cette question. Un type d’image très tendance me tente dans un projet ? Avec le temps, je regarde les aspects suivants pour me faire une idée :
l’adéquation de l’image tendance avec la personnalité de la marque. Si c’est parfaitement aligné, pourquoi ne pas essayer ? Si cela n’a rien à voir, cela risque d’avoir l’air forcé, ou de brouiller l’image de la marque. (Voire de faire un peu ridicule, comme si j’adoptais une expression d’ado que je viens d’apprendre après tout le monde, comme “claqué au sol” 😬)
le développement de la tendance. Au début du mouvement, quand il n’y a pas encore trop de monde qui la suit, c’est le moment rare où être tendance et se différencier peuvent être la même chose, c’est une forme d’originalité. Mais quand une tendance est déjà très développée, c’est probablement beaucoup moins original (voire, c’est claqué au sol 😂)
la rapidité d’exécution de la marque. Soyons lucide : à quelle vitesse la marque peut-elle repérer ET mettre en œuvre une tendance, pour ne pas arriver quand elle est déjà trop vue ?
la capacité de renouvellement de la marque. Soyons lucide encore : la tendance sera usée à un moment (d’autant plus usée qu’elle a été plébiscitée). La marque aura-t-elle déjà renouvelé son contenu à ce moment là ? Sinon, ce contenu fera très vite daté. À garder en tête pour les contenus de longue durée, comme une charte graphique ou un site web, une illustration de home de site ou une vidéo manifesto…
le positionnement de la marque dans son marché. Est-ce qu’au sein de sa concurrence, la marque souhaite être une marque leader qu’on imite, voire une marque outsider qu’on remarque ? Dans ces deux cas, je dirais de se méfier de l’utilisation de codes visuels un peu trop “à la mode” dans son secteur. En revanche, si la marque se veut rassurante, légitime, alors qu’elle n’est pas encore très reconnue, ça peut être un vrai choix de décider d’imiter la tendance visuelle majoritaire de son secteur. Une façon en quelque sorte d’adopter les codes de la communauté qu’on souhaite rejoindre.
Là où ça coince un peu, c’est que comme souvent ça va être difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre 🧈
On sait par exemple que c’est de plus en plus difficile de sortir du lot sur les réseaux : il y a de plus en plus de contenus, et les coûts d’acquisition ont énormément augmenté.
👉 Alors, est-ce qu’on essaie de suivre la tendance au plus près, pour être poussé par l’algorithme mais au risque de voir sa marque noyée dans un océan de productions similaires ?
👉 Ou est-ce qu’on tente d’avoir une voix singulière, qui aura peut-être moins de reach organique mais marquera plus les personnes qui verront votre création ?
Je ne réponds pas à cette question, je ne suis pas du tout objective, ça m’amuse beaucoup trop de créer du contenu original 😄
En résumé, je dirais qu’il peut être avantageux de suivre une tendance visuelle :
✔️ si c’est en adéquation avec la personnalité de la marque
✔️ si la tendance n’en est qu’au début et que la marque est capable de la repérer et de la mettre en œuvre rapidement
✔️ si le contenu très tendance que la marque va produire dans cette mode n’a pas vocation à rester trop longtemps dans ses outils de communication
✔️ si l’image de la marque ne repose pas sur l’originalité et la différenciation
✔️si c’est un choix délibéré (mesuré) de la politique d’acquisition de la marque malgré le fait que sa communication sera placée aux côtés de beaucoup de réalisations similaires
Ce sont bien sûr mes réflexions du moment, je continue de faire évoluer mon approche tous les jours ! Je serais curieuse de connaître votre avis sur la question. Pour ma part, je renonce officiellement à l’expression “claqué au sol” 🤣 (mais pas aux emojis, apparemment).
Côté inspiration : la vidéo de Chobani par The Line
Cette vidéo, produite l’année dernière, est un véritable court métrage d’animation. Il s’inspire évidemment de l’esthétique des studios Ghibli, avec carrément une musique créée pour cette publicité par un des compositeurs du studio Ghibli. Un plaisir à regarder.
Client : Chobani, une marque de yaourts (et d’autres produits) avec un positionnement éthique
Prestataire de création : The Line, un studio d’animation de Londres. Aux crédits, on trouve les noms d’une trentaine de personnes chez The Line, et une dizaine chez le client. Donc oui, un projet énoooooorme, mais vraiment beau, et pouvant inspirer des projets plus modestes mais non moins enchanteurs.
4 idées pour s’inspirer :
une publicité pour une marque peut parler de la vision d’une entreprise plus que des produits proprement dits (bien qu’ils soient bien présents et reconnaissables). Ici, il s’agit pour l’entreprise de créer un imaginaire désirable autour de sa mission.
l’animation traditionnelle plonge immédiatement dans un autre imaginaire. Ici on illustre la vision du futur de cette marque en particulier, mais il n’y a pas de doute que le choix de l’animation traditionnelle crée une ambiance douce et presque nostalgique. Cette vision du futur aurait eu un autre impact et provoqué d’autres émotions si on avait choisi un autre traitement visuel, comme la vidéo traditionnelle (façon film de SF) ou la 3D.
parfois, les décors sont le personnage le plus important. On a souvent le choix, pour une vidéo d’animation, de créer une histoire sans décor ou avec décor. Évidemment, la seconde option est plus coûteuse. Mais ici, c’est un brillant investissement : ce sont les décors qui nous emmènent dans la vision de la marque et qui sont la véritable star du show.
le scénario est là pour créer une émotion. En une minute, on ne raconte pas une histoire complexe et on fait beaucoup d’ellipses, mais notre imagination est déjà lancée sur la transmission entre ce personnage, la génération qui la précède et celle qui la suit. Cela demande plus de travail que d’énoncer les qualités d’un produit ou le manifesto de l’entreprise, mais ça marque aussi plus les esprits.
Pour aller plus loin : Le studio montre les coulisses de la création sur cette page.
Côté atelier : des livres et des roses
Ce mois-ci, je retombe dans mes livres d’histoire de l’art avec délice. Car oui, j’ai une formation en histoire de l’art, un master II avec une spécialité sur le 17ème siècle ! Cela fait partie de mes bizarreries je suppose 😊.
Pour un projet dont je vous parlerai mieux le mois prochain (teaser !), je me plonge dans des motifs végétaux et je prends de l’inspiration dans les siècles précédents (et dans quelques mondes imaginaires aussi ✨). L’illustration de cette newsletter est un peu dérivée de ces recherches ! Voici quelques étapes de sa création :



Je suis heureuse de partager chaque mois des retours d’expérience, d’inspiration et les coulisses de mes projets. Si cette lettre vous a plu, partagez-la avec une personne qui s’intéresse aussi à la création de visuels pour les marques ! Vous ferez deux heureux : cette personne et moi 😊
À bientôt !